Gesaffelstein – Le Bikini, Toulouse (Ramonville)

Un pseudonyme aux résonances allemandes cache derrière lui un français, lyonnais plus précisément, à l’électro froid et épuré. Un nom, celui de Mike Lévy, est collé sur toutes les bouches, tous les papiers et même les tablettes tactiles. Un album sorti le 28 octobre 2013 à la pochette graphique et translucide a étoffé l’encre et les paroles.
Un DJ prometteur, et beau gosse qui plus est, ne pouvait pas passer inaperçu. Classe, l’homme en vrai, en disque ou en live est toujours précis, rien ne dépasse, tout est calibré.
L’arrivée sur scène se fait en toute sobriété, sans aucun surplus, seule l’accompagne une lumière opaque, enfumée qui ne nous fait discerner qu’une ombre derrière des platines. Et puis la musique fut.
Dans cette ambiance pleine de mystère, et glaciale sur scène, le public dans la fosse s’agite, se compresse et vit. Un son ciselé, concis, on pourrait même dire lisse et parfait, se déverse dans nos petites têtes vidées, et dans nos corps dépossédés. Rien n’importe que ce flot incessant, que cette masse vivace, et que ces images furtives attrapées à la volée. Le plus important c’est de couver le rythme, de ressentir cette techno martelée, sombre qui procure un sentiment de transgression. Plus le temps avance, moins on a l’impression d’avoir vu tout le potentiel dégagé.

Gesaffelstein // Le Bikini, le 30/11/13 // Facebook Officiel

Gesaffelstein // Le Bikini, le 30/11/13 // Facebook Officiel

Les minutes passent si vite sous les doigts de Gesa, de cet acronyme compacté. C’est pourquoi ces deux syllabes ne cessent de déferler de nos cordes vocales, même si les notes résonnent comme des menaces, tout comme le nom des pistes (Viol, Depravity, Pursuit, The Lack of Hope …) c’est la peur de le voir partir qui est la plus forte.
La structure quasi obsessionnelle des pistes les rendent addictives, pourquoi s’en passer ? L’effet est dévastateur, et nos vies ne sont pas en périls, autant continuer ! Qu’a-t-on à perdre dans une telle soirée ? Peut-être nos neurones retournées par ce spectacle ciselé, et par l’hystérie déliée. Mais au final, on gagne. On en ressort essoufflé (presque healthy comme concert), fatigué, libéré, surexcité, mais le plus important c’est qu’à la fin on est heureux. On en remangerai bien quelques bouchées du Gesa, pour être encore plus décompressé du stress suranné d’une vie calculée. Cette singularité presque répétitive qui se dégage a un effet efficace sur le moral.
En bref, malgré les répercussions instantanées a plus ou moins long terme, et l’euphorie post concert, est-ce bien extraordinaire ?
Le lyonnais fait son job, et est fidèle à l’image qu’il véhicule, jamais il n’en décolle. La 1ère fois a donc tous les symptômes d’un set réussi, mais peut être que pratiqué à intervalle régulier on peut s’en lasser.
Bilan : techno addicts, et autre fanatiques de musique, consommez du Gesaffelstein avec modération, il serait dommage de devoir s’en passer. Surtout qu’à petites doses, c’est vraiment bon.

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Kings Of Leon – Mechanical Bull

Vous ne pouvez pas être passés à côté de ces Rois, de leurs cris ravageurs qui rameutent les clans, de leur cordes rugissantes, qu’elles soient vocales ou instrumentales, de leurs sons à réveiller des catacombes … Kings Of Leon c’est ça, ou plutôt, c’était ça …

Arrivée tonitruante, en grande pompe. Le convoi est annoncé, les monarques arrivent défendre leurs places. Déception.  Ce n’est pas que le timbre de Caleb Followill soit devenu un léger feulement, loin de là, mais c’est qu’on le retrouve sans surprise. La tribu Folowill au complet, reprend de façon naturelle son trône.
Supersoaker démarre. La volonté y est. Le morceau cherche le succès d’un feu Sex On Fire. Le goût implacable de nouveauté triomphante n’y est pas, la frustration sonore se profile. Ne nous arrêtons pas à ça, continuons nos efforts. Seconde impression, les sonorités vagabondent aussi du côté du sublime Slow Night, So Long, mais rebelote, il ne parvient pas à égaler sa puissance.
Mais bon, passons … continuons la visite avec Rock City, et ses allures de salle des portraits, celle des pères et mères du quatuor. Du coin de l’œil, nous observons ses influences 70’s, où Bowie a sa place, ou si ce n’est lui Ziggy son fabuleux aler ego. Ce morceau hommage, s’impose comme la pièce maîtresse d’un disque qui est loin d’être de platine, d’or ou de diamant.
Don’t Matter résonne comme une recrudescence grunge, si ce n’est punk, au moins les 45 premières secondes. Voix plus éraillée, bien appuyée, qui nous fait tourner la tête du côté de Kurt Cobain. Si le leader de Nirvana pouvait encore entendre, pas sûr qu’il s’en réjouisse, il serait même plutôt mal à l’aise dans son cercueil.
Dix secondes crépusculaires amorcent Beautiful War. Un autre registre, qui ne réussit pas. Un morceau gémissant, dont le principe a été vu et revu et bien mieux exploité ces dernières années. Plus l’album avance, plus une idée s’érige : faudrait-il retirer leurs sceptres aux Kings ?
Temple s’annonce mieux. Mais on ressent comme une impression de déjà vu … Comme si la dynastie était allée piocher du côté des Seigneurs du fief voisin, quelques idées. Que ce soit dans la rythmique ou dans la tonalité, Temple n’est pas sans rappeler d’autres noblesses rock, comme The Strokes.


Wait For Me, reprend un ton languissant. Les Followill seraient-ils vraiment sur le déclin ? Ce serait bien dommage, vu les efforts qu’ils ont déployés en temps de guerre pour accéder à l’investiture. Vu la rage et la fougue qu’on leur a connu ! Se battre pour arriver à une telle prestation, quel gâchis ! Faudrait-il les ébranler un peu afin de retrouver leur côté combattif dont nous nous délections tant ?
Family Tree ne défend pas non plus leur cause. Un titre mou, avec une basse trop présente, et un chœur impromptu, qui ne fait que les desservir. Avant ils n’avaient pas besoin de ces voix supplémentaires. Leur peuple venez de son plein grès mêler leurs timbres aux leurs. Aujourd’hui, c’est comme si on cherchait à les y obliger … Mauvais choix, cela pourrait causer une petite révolution au sein de leurs fidèles auditeurs.
Il n’est pas nécessaire de détailler le reste puisque les sept premiers titres dressent le panel. En rajouter serait se faire du mal. La larme à l’œil, on voit déjà de belles intentions mourir, c’est amplement suffisant.
Une exception réside peut être dans On The Chin. Tempéré, lent, criant et mélancolique, il pourrait même illustrer la pensée principale qui nous a habités le long de l’écoute. L’âge d’or de Kings Of Leon, tirerait-il à sa fin ?

Mechanical Bull se présente comme une visite et une interprétation de différentes périodes du rock depuis les années 1970. Vous vous en doutez, on aura vu un album plus inspiré, surtout d’un groupe qui a été aussi prometteur. L’énergie qui faisait de Aha Shake Heartbreak (2004) un second essai à la perfection rare, ne se ressent plus. Ici, les mauvais choix se succèdent. Comme dans tout régime, la caste fait face à un moment de déclin appelant au renouvellement. On ne peut que leur souhaiter de résister, de se réinventer et d’apporter un peu de nouveauté. Parce qu’avouons le, comment pourra-t-on ne pas les regretter, eux autre fois si bons et si généreux ?

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Kings Of Leon, Mechanical Bull – RCA Records – sortie 24 septembre 2013
Site Officiel –  iTunes

Comme une envie d’agir

À 17 ans, on a encore l’âge d’être exalté, on nous pardonne notre fougue, notre jeunesse en quelque sorte. Nos faux pas sont vites effacés, et nos échecs nous construisent.
Alors, aujourd’hui, je vais me permettre ceci : un article loin de mes cordes, de mes habitudes. Mais le sujet, me tient tout autant à cœur.
Une question retient mon attention, au vu de l’actualité, des nombreux faits divers, des informations trop souvent propagées ou injustement tues. Qui sommes-nous pour détruire ? L’Homme vit-il pour désagréger ce qui l’entoure ?

Je me doute que les prochaines lignes ne seront que des mots lancés dans l’immense antre arachnéenne du web. Néanmoins, ils auront été écrits, pensés avec force.
Nous ne sommes plus des êtres à l’état brut, sauvage, dont le cerveau est en friche, non, nous sommes cultivés, et peut-être même formatés. Que ce soit dans la solidarité, mais de plus en plus dans l’individualisme. On oublie les autres pour notre profit personnel, le soi, au détriment de l’humanité.
Parfois, notre petite personne s’insurge par de grands mots et tente de faire la leçon à autrui, mais au lieu de parler, il faudrait peut-être agir. L’impact de notre parole est minime, tandis que celui d’une action, aussi infime soit-elle sera toujours au profit de la cause que l’on défend. Sans rien faire, on ne pourra toujours que regretter.
Or, il ne faut pas l’oublier mais des gens ont combattu, ont cherché à aller au bout de ce qu’ils croyaient juste. Aujourd’hui on profite des avancées qu’ils ont amorcées, sans parfois même y penser. Mais nous ne sommes, majoritairement, plus capable de nous faire entendre, nous ne faisons que suivre, et si la tendance est au mutisme, on l’accepte avec ferveur. D’un autre côté, la « flemme » nous régit : s’engager à quoi bon ? Je suis déjà débordé, je veux profiter de mon temps libre pour mes loisirs. Je suis fatigué. Ou bien, ce fameux, on est jeune : la flemme.
Le chemin s’annonce difficile et sinueux. Même découragés, abattus à l’idée de devoir s’engager, perdus dans tout ce qui pourrait se faire, par ses propres idées, plutôt que de ne rien entreprendre, ne pourrions-nous pas commencer ? Peu importe la taille, l’impact et la puissance de nos gestes, les faire sont le plus important. Tenter de passer à l’acte, isolé dans de grandes protestations, n’est peut être pas la solution. Pour réaliser un ou plusieurs changements, elle résiderait plus dans le collectif. Les mouvements les plus importants, et les plus connus sont sans doute les rassemblements de masses, les voix à l’unisson criant ses revendications ou son espoir.
Dans notre monde, des individus continuent d’y croire, comme en témoignent les printemps arabes, les indignés, le printemps érable ou encore les manifestations de Brésiliens de la classe moyenne au début de l’été … parmi tant d’autres. Pour des raisons différentes, des activistes se battent eux aussi au sein d’ONG dans le but de combattre la faim, les inégalités sanitaires ou bien afin de préserver l’environnement.
Ici, même si on est plutôt bien loti (il faut l’avouer), tout échauffement semble vite se refroidir quand se profile la possibilité d’agir. Pourtant dans toutes sociétés résident des problèmes, même si ce ne sont pas les mêmes.
Pensons-y ! Que voudrait-on changer ? Qu reste-t-il à faire ? Que doit-on améliorer ?
Et puis, si n’est pas ici, mais ailleurs qu’on voudrait influer ? En dehors de toutes nos appréhensions, ne pourrait-on pas faire un pas dans la direction de l’engagement ? Oser signer une pétition par exemple, ou sait-on jamais, participer au financement d’une institution dont les actions nous semblent être intéressantes. Ou peut-être plus profondément, arriver à sauter dans une association …
Il faut garder en tête que rien n’est petit, et qu’ensemble tout se peut. Alors osons, affirmons nos idées et agissons. Ce sera un petit pas pour nous, mais un grand pas pour l’humanité.

Chronique d’un weekend parisien

Facebook Rock en Seine // Site

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Jeudi 22 août, 17h, le TGV (qui fait 6h, tout est normal) Toulouse-Paris, me traîne avec malice jusqu’à la capitale. Dernière bouffée de liberté avant la rentrée. Comme la période de vacances avait débuté sur une note festivalière, c’est en toute logique qu’elle se soit terminée de la même manière. Bonjour Rock en Seine.

23 août, première aventure matinale, récupérer les places au Novotel au pied du Pont de Sèvre. Forcément c’est deux kilomètres plus tard l’hôtel dûment dépassé, que l’on se rend compte que l’on est peut être un peu loin, mais une heure après tout va bien. Enfin sur le site, on peut se reposer un peu dans des transats, tout en étudiant le programme des trois prochains jours.
Par quoi commencer ? Un petit tour du site s’impose, afin de repérer les différentes scènes (la grande, celle de la Cascade, celle de l’industrie, et enfin la scène Pression Live) et comprendre son organisation. Le tout semble agréable, entre endroits festifs, points de repos, stands de nourritures et de boissons gratuites (merci Curly et Iced Tea) ou encore une grande roue qui permet de dominer l’ensemble.
Avant 17h, ce n’est que de loin que l’on discerne sonorités et silhouettes, tel celles des quatre Savages, qui égrènent un rock tendance punk, qui donne du punch à l’après midi.
C’est ensuite Belle and Sebastian qui nous accueillent sur la grande scène. L’herbe encore tendre et verte s’offre à nous, et doucement allongées on profite de leurs mélodies ensoleillées. Résonne ensuite la phrase culte, et adorable du festival : « Je vois que quelqu’un agite le drapeau écossais ! Soyez honnêtes, c’est pour nous ou pour Franz Ferdinand ? Pour nous ? Ohh, vous êtes mignons, bisouSSE ! «  balancée par Stuart Murdoch. Comment ne pas craquer et avoir envie de les apprécier ?


19h45, Alt-J ∆, petite déception car trop mou. En fait, le problème n’est pas là, ils sont égaux à eux mêmes, le public aussi est présent, mais les conditions ne sont pas idéales. C’est un concert à écouter assis, le vent dans les cheveux, plutôt qu’entassés. Seules quatre morceaux fausses ce jugement : Estocada, Breezeblocks, Fitzpleasure et  Mathilda, qui font plaisir à entendre et à bouger.
C’est ensuite le deuxième groupe écossais qui prend la relève pour un set survitaminé qui navigue entre anciens tubes et découvertes de leur nouvel album, Right Thoughts, Right Words, Right Action. En effet, les Franz Ferdinand sont des habitués de la scène et paraissent aimer leurs auditeurs, vu la manière dont ils les traitent. C’est avec un rien de nostalgie que l’on profite du concert, le sourire apposé sur nos lèvres.
Un oubli honteux de Kendrick Lamar plus tard, c’est Paul Kalkbrenner le roi qui nous transcende. Le temps file à toute allure sous les beats de l’allemand. Plus rien n’a d’importance, excepté lui, excepté la musique, excepté l’ambiance qui règne là, suspendu dans les airs. C’est un shoot de Saint Paul Ka, qu’il faudrait s’administrer tous les jours pour vivre en paix et heureux. Et puis lui, et sa joie enfantine semblable à un regain d’innocence, est communicative ! On en demande encore et encore, mais quand Sky and Sand s’abat dans nos oreilles on comprend que la fin est proche alors on énumère les paroles tous ensemble, en regrettant que Fritz ne soit pas de la partie. Aaron termine simplement le set du pape de la minimale et de la techno, et c’est encore abasourdi  que l’on vide les lieux.
Seule ambition qu’il reste de cette soirée, regarder encore une fois Berlin Calling pour encore un peu rêvasser. Mais une chose est à faire remarquer, sur l’électro, le son de la grande scène retransmet mal les basses, qui montrent comme une nécessité absolue l’usage de bouchons !

Samedi 24 août. C’est plus tard que la veille que le métro nous emmène docilement jusqu’au point de rendez-vous de nos tympans. Arrivée  à 18h, notre premier impératif est bien plus tard, à 19h45 avec Patrice. Dans l’attente du concert, une autre ritournelle (si je puis dire) nous a amenées scène de l’industrie. C’est le masque d’abord qui frappe … Mais qui est cet homme singe, rendant le public digne de la faune d’une jungle ? On ne le saura pas, en dehors de ce surnom, Kid Noize, mais notre transformation est immédiate. On passe du statut de calme festivalier, à celui de proie d’une musique bestiale, féline, vintage et groovy. Une découverte bien cachée dans le paysage du festival, qu’il ne fallait pas manquer.


Ah, Patrice, quel nom étrange, presque rédhibitoire pour certains, qui ne savent à quoi s’attendre. Entre reggae, soul, blues ou hip hop, ses compositions calmes, légères et pourtant dansantes, animent d’un vent paisibles le cœur des gens présents. On se balance en rythme, libre comme l’air.
Après un décevant passage à Jackson and His Computer Band, chez qui rien ne semble coller et s’emboîter, on perd notre chaire dans le bloc humain se formant pour Vitalic. Il enfile sonorités électro avec brio, et creé des pogos ravageurs. Mais un oubli majeur, a fait perdre une partie du bonheur d’être en compagnie du français … Poney Part 1 a bel et bien manqué, et pourtant des tubes il en a donné : No Fun, Stamina, La mort sur le Dancefloor et j’en passe des meilleurs.
Si vous aimez les thérapies de groupes, les poumons en feu, et les voix cassées vous vous êtes sûrement écrasés entre les corps présents pour Fauve ≠ ! Des groupies, peut-être mais mieux cachées que dans une salle étroite leur étant dédié (au groupe pas à elles) ! Des curieux, des fans, des festivaliers, des connaisseurs et de nouveaux amateurs composent la population fauvesque de cette fin de soirée. Un intéressant mélange, heureux, venu extérioriser ses peurs et ses malheurs pour se réjouir de vivre, c’est ça Fauve ≠, de l’émotion. Les chansons, elles y sont toutes passées, de Blizzard, Haut les cœurs, Cock Music Smart Music, Nuits Fauves, Saint Anne, 4000 îles, Rub a Dub ou Kané mais avec quelques nouveautés qui laissent dans l’attente d’un album pour l’instant inachevé. En live ou à l’écoute les parisiens restent une affaire à suivre …

Surprise de la soirée, au détour du bar VIP, on aperçoit la silhouette de Norman … 

Dimanche 25 août, la pluie s’abat depuis le matin sur la ville grise. La seule idée qui peut germer dans un cerveau normalement constitué, est de rester enfermé chez-soi avec un bon film, mais Rock en Seine oblige, cette envie est vite refoulée.

Fatiguée de la veille, c’est à reculons que je me dirige vers le domaine national de Saint Cloud. Mais, comme dit Emir Kusturica : « la vie est un miracle » et à Hemingway de répliquer : « Paris est une fête », donc une fois le pied posé sur le lieu du festival, la pluie s’arrête. En revanche, la boue, elle, est bien de la partie.

16h55, Mac Miller entre sur scène au son de Yellow Submarine des Beatles, dont le refrain est fredonné en cœur, un bon début en somme. Mais ce premier espoir est vite démenti. Le jeune américain livre souvent des disques de grandes qualités, mais là, la déception va crescendo. Mis à part la voix que l’on retrouve vaguement, le tout ne fonctionne pas, comme si les sons ne pouvaient s’accorder. Et puis, s’ambiancer se révèle être impossible. On ne peut que concéder que jusqu’au bout des bras, le rappeur a le style, mais rien de plus. Il faut aussi avouer qu’il y a eu deux bons moments, avec Knock Knock tout d’abord, et ensuite lorsqu’est débité Donald Trump. Mais autrement …
L’enchaînement avec Is Tropical à 17h50 est bien plus réjouissant. Electro, pop et rock sont les styles entre lesquels naviguent les trois anglais, qui donnent une atmosphère enjouée et dansante à la fin d’après midi, à l’image de leur dernier album, I’m Leaving, qui est une belle démonstration de ce qu’est une BO d’été. Acidulé et bien maîtrisé, leur set est monté pour un festival.
Quelques petites impasses plus tard, me voilà plantée, au milieu d’un marécage crée à partir de terre imbibée d’eau et de bière, pour assister au live des Bloody Beetroots. Étonnant est le maître mot de leur prestation. Et dans le bon sens qui plus est ! Toujours électro mais plus rock, avec des instruments traditionnels, les Bloody sont presque virtuoses. Et puis le décor laisse béat. Imaginer ces grands punk masqués jouer du piano ou chanter dans un micro vintage très 50’s a fait oublier l’inconfort de la situation. Le point d’orgue est l’arrivée impromptue de Mat B. de Skip The Use, très en forme, pour déverser un flot criard de paroles sur une production des italiens.

Facebook Rock en Seine // The Bloody Beetroots

Facebook Rock en Seine // The Bloody Beetroots

20h45, Mashup The Dance résonne. Major Lazer entame la grande récréation pour adulescents. Avouons que d’un point de vue technique, un dj passe des disques pendant que quelques personnages (dont Diplo et deux danseuses) animent la prestation. On ne pourra donc pas considérer ça comme de « l’art ». Ceci mis à part, le show est époustouflant et ne s’essouffle à aucun moment. Et puis le choix des chansons (qui ne sont pas les leurs) est judicieux ! Entre Sean Paul, Jay Z et Kanye West, Nirvana, ou une fin sur 54-46 (Was my Number) de Toots & the Maytals, le tout rend parfaitement bien. Le public est enflammé, joueur et apprécie de danser ou de gueuler (chanter serait un bien grand mot) les morceaux qu’il reconnait du groupe, dont Watch Out For ThisJah No PartialGet Free ou Bubble But. Mais le vrai instant de grâce est quand résonne subtilement Papaoutai du belge Stromae, et que tout naturellement il apparait sur scène pour nous proposer son avant dernier single en live. Bref, c’est donc dans l’hystérie la plus totale que s’est déroulée cette messe bling bling, qui persiste comme un des moments fort de cette 11ème édition.
System Of A Down clôt le festival, que l’on aime ou pas, c’est un évènement majeur, puisque le groupe américain d’origine arménienne est en France pour une date unique. Pleine de curiosité et de bonne volonté, je tente une approche dans la foule compacte, mais à peine deux chansons passées, embourbée je ne peux que renoncer à voir le show bien rock dans son intégralité. Néanmoins l’aperçu a rendu une impression de rodage qui répondait bien à l’excitation des plus grands fans.

23h30, aux VIP le festival n’est pas terminé, et se poursuit avec Christine, deux Djs frenchies, qui savent mettre le feu à la dernière soirée en remixant les plus grands (Daft Punk), mais aussi les autres fleurons de l’électro français, tel SebastiAn ou Gesaffelstein.

Résultat, la journée qui avait mal débuté, se finit en beauté, même si un grand manque reste présent … A$ap en espérant te voir un jour.

Lundi, tout est fini, et pourtant on est à Paris, ville Lumière que l’on associe à l’art. Ça tombe bien, Beaubourg accueil un maître du pop art au sein de ses murs, et l’entrée est gratuite pour les moins de 18 ans (culture pour tous !), alors, non le trip n’est pas terminé ! En quelques mots, une exposition intéressante, révélant les multiples facettes de Roy Lichtenstein, où réside une similitude frappante entre toutes ses pièces : son travail lisse en fait oublier la main créatrice. Pour la critique de l’exposition, rendez-vous sur http://mazemag.fr/art-2/09/2013/lautre-face-de-roy-lichtenstein/
Pour que le séjour reste encore plus ancré dans nos têtes, sur le chemin du retour (du Marais aux Batignolles à pied en passant par Opéra, si si), c’est les écouteurs vissés à nos oreilles, et d’un pas sautillant, dansant et les bras en rythme avec les sons que nous marchons. Et de façon inattendue, c’est face à Jérémie Elkaïm, que nous nous retrouvons. Il est étonné de nous voir enfermé dans notre monde, joyeuses et aussi réceptives, même dans la rue, à notre drogue : la musique. 

Merci à ma compagne de voyage : Miléna Wittmann 

 

Menuet d’un jour d’été

Chaleur, et bel été indien qui se profile, malgré la rentrée qui approche à pas de loup, laissent la playlist ensoleillée d’actualité.

Qu’est-ce qu’il reste pour ces derniers jours de paix ?

Deux groupes Montréalais déjà !

D’une part Half Moon Run, et son indie-rock tirant sur la folk. Entêtant et reposant, Full Circle, leur titre phare, ne manque pas d’égayer un moment de repos. Mais ce n’est pas la seule chanson qui nous emporte au grès du vent sur Dark Eyes, leur 1er album sorti en 2012. Le quatuor sait prendre en douceur, cueillir par inadvertance le curieux venu découvrir leurs sonorités, et le garder éveillé. Si vous aussi vous voulez profiter de leur fraîche délicatesse, c’est par ici : http://www.halfmoonrun.com/ ou https://www.facebook.com/halfmoonrun?fref=ts
À écouter : Call me in the Afternoon ou Full Circle

L.Teez, jeune québécois de 17 ans nourri au hip hop, rend un rap plein de potentiel, mais encore en état de construction. La signature originale se devine, ça se sent qu’un jour il pourra devenir grand. L’avantage de ses sons, c’est qu’ils sont compréhensibles, le sens apparait dès les premières écoutes. Quoi de mieux pour nos tympans habitués aux français que de s’accommoder d’anglais avec de la bonne musique. À découvrir d’urgence, ici :
http://www.hotnewhiphop.com/l-teez-change-mixtape.90559.html ou https://www.facebook.com/pages/LTeez/424003734351107?fref=ts
À écouter : Fly feat Azrael

Il y a aussi un anglais. Bonobo, comme le singe oui, oui. De son vrai nom, Simon Green, DJ et producteur, Bonobo n’est pas nouveau sur le marché de la musique, puisque ses débuts ont eu lieu avant le XXIème siècle, mais qu’importe. Son dernier disque en date, The North Borders, est sorti cette année. Alors on peut bien parler de lui. Il embaume l’été d’un son relaxant, apaisant et planant. Son crédo ? Le downtempo !  What else ?
https://www.facebook.com/bonoboofficial?fref=ts ou http://bonobomusic.com/
À écouter : Cirrus, Kiara ou Emkay

Pour que rien ne manque à la sélection, n’oublions pas Petit Fantôme. Un français échappé en solitaire de François and The Atlas Mountain et de Crane Angels, qui délivre une mixtape incroyable, spectrale, dont l’esprit musical flotte en permanence au-dessus de la tête de l’auditeur séduit. Les airs invisibles, se faufilent nuit et jour dans nos âmes et les imprègnent d’un vent pop léger, où volettent des paroles poétiques à tendance mélancolique. Addictif.
http://www.petitfantome.com/ ou https://www.facebook.com/pages/petit-fant%C3%B4me/42903563052?fref=ts
À écouter : Peio-(pello-mikel Lisboa) ou Le passage (dichroïsme)

Chronique d’un festival à Montréal #3

Le troisième et dernier soir de la 8ème édition d’Osheaga requiert une multitude de superlatifs afin d’être perçu dans sa totalité. Après les deux jours précédents, on ne divague plus entre les scènes en terrain inconnu, ce qui rend les déplacements beaucoup plus rapide, et permet de se ficeler un programme bien complet.

Avant même d’avoir pu avaler quelque chose, c’est à 13h35 que je débarque devant Odezenne, groupe de hip hop Bordelais et Parisien, ramené sur place en collaboration avec le Garorock (47). Malgré le manque apparent de personnes pour assister au concert, le quatuor ne se laisse pas démonter et compte bien faire réagir la poignée d’auditeurs. Avec leurs danses frénétiques, ils arrivent à occuper agréablement la scène. 14h15, fin, enfin le temps d’aller se restaurer.

Un vrai soulman ce Charles Bradley, avec sa voix rocailleuse qui ravive le flambeau de l’espoir. Un bon danseur aussi, étonnant à 65 ans ! Avec la souplesse féline qui l’accompagne. Et puis un public exalté, et par dessus tout un temps menaçant qui s’est avéré clément le temps de ses chansons. C’est peut être cliché mais l’homme est littéralement solaire sur son territoire. Si on résume c’est face à un showman à l’ancienne que l’après midi s’est continué dans la plus grande joie.

Après un court interlude pluie, il faut ressortir pointer le bout de ses oreilles. Sur le chemin pour retrouver la scène Piknic Electronik, je profite distraitement de Big Boi, qui semble servir un rap vivant, au profit de Gramatik. Les enchaînements sans failles desservent un électro puisé de sources tel Django Rheinardt et son Minor Swing. Parfois à la limite dubstep, le son reste sur la durée plutôt funky et groovy, yeah baby.

Au passage, j’arrive à glaner quelques fractions des Lumineers, qui usent d’une folk mignonne. Proche du public, c’est un live plus détendu, mais qui ne décèle pas d’originalité, en tout cas pas pour ceux qui les découvrent au détour d’une scène.

19h, heure de l’implosion générale. Kendrick Lamar entre sur scène, en toute simplicité, sans avoir besoin de tout un attirail digne d’un show à l’américaine. Rappeur, voilà ce qu’il est, et il ne vient pour rien d’autre que pour partager son hip hop. Il a bien raison, car la masse qui s’entasse et se presse, a l’air d’en être ravie. Ça fait même plaisir à voir, autant de gens qui comprennent en chœur l’essence même du hip hop. Tellement que ça prend aux tripes, qu’on se laisse embarquer par son charisme, et surtout par son débit, carrément audible, et dont même un novice en anglais peut discerner des phrases. C’était même fucking crazy de voir 40000 personnes rendre l’instant encore plus vivant.

Kendrick Lamar // Osheaga // lapresse.ca

Kendrick Lamar // Osheaga // lapresse.ca

Les bons moments ne s’arrêtent pas après l’évènement. When a Fire Starts to Burn retentit au loin, et c’est en courant que je m’en vais rejoindre Disclosure. Anglais, ils le sont, ça se sent, puisque s’est inscrit dans leur ADN musicale. La plupart des titres joués sont issus de l’excellent Settle, mais malheureusement par moment ces jeunes étoiles ne brillent pas assez fort pour nous irradier et nous garder dans leur lumière. White Noise aura tout de même réussi à maintenir une énergie fusionnelle dans la fosse, où filles et garçons ondulent au rythme du featuring avec AlunaGeorge, dans une atmosphère joviale. La surprise ? Jessie Ware, jouant plus tôt dans l’après-midi est venue rejoindre les deux DJs pour Confess To Me, qui a marqué d’un point d’orgue leur live.

New Order // Osheaga // montrealgazette.com

New Order // Osheaga // montrealgazette.com

Les secondes s’égrènent, New Order entame Blue Monday, j’y suis dans un timing parfait. Au milieu de tous les adeptes, le titre sonne dans toute son importance. La nostalgie submerge tous ces papillons de nuits émerveillés par ces compères résistants au poids des ans. Même si Bernard Sumner a perdu de sa voix, et ne peut rivaliser avec Ian Curtis sur les morceaux de Joy Division, ils avancent en terrain conquis. L’hommage au défunt et mythique artiste touche tous les fans. Conclusion en beauté sur Love Will Tear Us Apart oblige, on ne pourra effacer ce nouvel ordre du paysage musical.

Malgré l’intime conviction que j’allais finir le festival sur Mumford & Sons, la vie festivalière en a décidé autrement. Pretty Lights a remporté le match, sans regret. Un vrai show light très efficace de nuit, qui va de pair avec la réutilisation de samples hip hop, voire même soul.

La poire coupée en deux, c’est ensuite vers Hot Chip, que mes pieds se dirigent. C’est sur le rock et la pop que tire l’électro des anglais. Le tout envoie grave, et permet de clôturer le festival dans l’euphorie ambiante, digne de la période estivale.

On dit que les voyages forgent la jeunesse, alors qu’en est-il de ces festivals où l’on est obligé de décoller de chez soi, pour en prendre plein la face ? Français, françaises, gens de par delà le monde, venez au Québec, venez à Montréal, et surtout venez à Osheaga, c’est une valeur sûre, espérons que ça dure !

Chronique d’un festival à Montréal #2

Le deuxième jour entame tôt, très tôt, trop tôt. 11h30, rendez-vous pour un brunch de présentation de l’évènement. Heureusement, le temps s’écoule vite au Québec. Et puis, ça a été l’occasion de comprendre le nom du festival.
Osheaga, pourquoi ? D’après l’histoire d’Évelyne, une des programmatrices du mastodonte montréalais, ce serait lié à un vieux mot amérindien, qui signifierait « les mains agitées ». Il aurait été entendu par les colons lorsqu’ils mirent les pieds sur le sol canadien. Ils auraient d’abord cru que cela voulait dire bonjour. Bref, passons.

L’après-midi ouvre à 13h45 avec Rone du côté de Piknic Electronik. Un lyonnais résidant à Berlin et jouant à Montréal, ça envoie du bon son. Un set survolant les genres, non sans risque, et pourtant qui se tient, bien.

Hier, je n’avais visité qu’une infime partie du lieu, alors, à l’occasion de Yelawolf, je traverse le village des arts pour traverser une passerelle conduisant à la scène verte. Et voilà une autre ambiance, où se bousculent plus de curieux que sur les deux scènes principales.

Le jeune protégé d’Eminem, donne une pure image du white gangsta. Son flow est impressionnant, mais le concert un peu longuet, si on n’est pas bilingue anglais car trop tonitruant, et donc incompréhensible. Le charme se perd.

Avec un line-up aussi complet, l’équipe osheaguienne ne pouvait passer entre les mailles de l’annulation, or ces derniers jours ça n’a pas été de tout repos. Les énergiques mais répétitives, presque fatigantes Deap Vally, sont venues en vitesse remplacer Quadron, scène des arbres, le lieu le plus intimiste du festival.

C’est après que tout s’enchaîne avec la découverte de Cajmere, ou Green Velvet, que Curtis Jones a finalement plutôt joué. Un vieux de l’électro avec au moins 22 années d’expérience, qui a donné une ambiance folle aux spectateurs venus glaner son son.

Quelques instants de repos, avant de reprendre le chemin des scènes pour voir si Tricky est de bonne humeur. Résultat il est en forme et livre quelque chose d’étrange et de perché, à son image.

Le concert n’est pas fini qu’il faut filer pour voir Azari and III. Un mélange particulier et innovant, mais parfois un peu brouillon. Cette impression est peut être dû à la sono, who knows ? Ce qui importe, c’est que le public soit réceptif aux Canadiens. Leur morceau Manic permet de comprendre leur univers dansant.

K-OS // Osheaga // montrealgazette.com

K-OS // Osheaga // montrealgazette.com

18h05, K-OS rejoue, après avoir abandonné la place la veille au bout de deux chansons. Aujourd’hui, il remplace Miguel, qui lui même était censé remplacer Frank Ocean. Vendu comme un rappeur de Toronto, après quelques minutes, on comprend que c’est plus complexe. Les influences sont plutôt rock ce qui s’allie très bien avec la voix du canadien, et son flow, comme lorsqu’il rap sur Stairway to heaven de Led Zeppelin.

18h35, Bonobo est en place depuis 10 minutes. Arrivée, je comptais vite repartir pour The Breeders, en fin de compte, une fois qu’on rentre dans l’incroyable agitation créée par le producteur anglais, on ne peut que rester, et se soumettre à la convivialité et aux sourires ambiants. Malgré la fine pluie qui a commencé à s’abattre sur Cirrus, tout le monde reste, réceptif, et heureux. Magique.

Macklemore //Osheaga // montrealgazette.com

Macklemore //Osheaga // montrealgazette.com

Macklemore and Ryan Lewis montent à 20h05 avec Ten Thousand Hours. La foule s’amasse et se presse pour observer le phénomène. Entre anecdotes, et messages positifs prônant respect et égalité, ils enchaînent les tubes, qui engendrent émotion ou délire général, c’est selon. Wanz ou Ray Dalton sont de la parti, mais le moment le plus fort c’est quand Tegan and Sara, se ramènent aux côtés de Macklemore pour Same Love. Le tout se fini avec And We Danced, même si le ciel et prometteur d’orage, il semble s’abstenir, le temps que tout le monde se déchaîne en une dernière danse.

Chronique d’un festival à Montréal #1

Osheaga, a résonné des milliers de fois dans ma tête ces derniers mois, mais je ne réalisais pas. Osheaga, que c’est doux comme nom, il ne laisse pas présager la claque non moins agréable que le festival met, au visiteur amateur. Qu’imaginer un pied posé à Montréal, le programme devant les yeux et donc tout excité par un line up dingue en plus d’être éclectique ? Bah, pas besoin de tergiverser longtemps.

© Alt-J // Facebook Officiel du festival

© Alt-J // Facebook officiel du festival

Après quelques problèmes pour arriver à temps sur le site, c’est à 16h20 que je débarque le sourire aux lèvres devant la scène de la Rivière, pour profiter de la découverte indé 2012, Alt-J. Bien avant le souffle décapant que prodigue ce groupe, c’est la taille et la disposition du lieu qui sèche. Faut dire que le Parc Jean Drapeau, situé sur l’île Sainte Hélène a de la gueule. Et son découpage est rondement mené : petit coin plage, carrés d’herbe verte ou gradins font face aux deux scènes principales. Le tout accueille pas moins de 40000 spectateurs calmes mais heureux, à l’image de la grande ville Québécoise, où tout habitant semble dans la même mood.

En attendant, qu’en est-il du quatuor anglais ? Une belle mise en bouche, avec un live où se dégage une énergie particulière, tout en finesse, que l’on se hâte de dévorer. Avidement le regard se cramponne sur chaque musicien afin de tenter de comprendre comment ces belles sonorités sont créées. Avec un album, le choix des morceaux n’est pas vraiment étonnant, mais le plaisir est là, d’enfin entendre en direct les compositions labyrinthiques à tendance mélancolique d’Alt-J.

18h, direction la scène Piknik Electronik. C’est en longeant le bord du Saint Laurent que je m’y rends tranquillement, tant la vue sur Montréal est magnifique. Le lieu d’arriver est lui aussi d’envergure, une scène isolée, entourée d’arbres ou d’eau, qui inspire plutôt le repos alors qu’il n’y passe que de l’électro.

Rudimental vendu comme un groupe redonnant de l’âme à la drum’n’bass, n’est pas du tout à la hauteur. Le premier morceau donne un instant l’illusion d’un beau projet, mais les trois suivant détruisent tout ceci, et révèlent le vrai visage de la formation. Quelque chose d’assez répétitif voire poussif, dont on se lasse rapidement. 
Retour scène de la Rivière à 18h45 pour assister au très attendu Vampire Weekend.

Vampire Weekend // Facebook officiel du festival

Vampire Weekend // Facebook officiel du festival

Ouverture des festivités en fanfare avec leur nouveau single Diane Young, peu après Step prendra le relais afin de radoucir le climat avant de relancer vivement le concert avec Holiday et surtout A-Punk, suivi magistralement de Ya Hey. Malgré les efforts d’Ezra Koening pour donner du charisme au groupe, et son amabilité enjouée envers le public, les quatre membres sont plutôt statiques derrière leurs instruments. C’est dommage, avec leurs titres on se serait plutôt attendu à quelque chose d’explosif.

Une fois Vampire fini, ça bouge du côté électro, JETS débute. Le duo formé par Jimmy Edgar et Machinedrum, envoie un mélange de bass et de house qui tabasse mais qui est indéniablement bien produit. Des DJs comme on les aime, pour une performance respectable.

Le dernier concert de la journée aura le privilège de revenir à The Cure. À mon âge, aimer les Cure, ce n’est pas générationnel mais inter-générationnel, si les parents aiment, c’est plus facile d’y prêter l’oreille. Du coup, s’y être planté relève plus du fantasme, comme si il était possible de recueillir quelques lambeaux d’une époque depuis longtemps dépassée, dont survivent envers et contre tout quelques phénomènes, dont les britanniques font parti. Sans un seul mot accordé à la masse se bousculant face à la scène, Robert Smith entonne sans répit les morceaux, dans un mouvement de crescendo. Une myriade de chansons d’amours, tel The End of The World ou Lovesong, inspirant nostalgie, et une émotion flagrante au sein des personnes m’entourant, entame leur set. Puis vient In Between Days, qui amorce un tournant, suivit de Just Like Heaven, ça commence à chanter et à danser. Le silence total accueille A Forest moment d’anthologie, où l’on se délecte de chaque note, de chaque seconde jouées, tel un breuvage rare. Vient le temps de la cold wave pure et dure avant de virer vers un côté plus rock qui m’est inconnu du groupe. Le fond de scène étant une mise en abîme des musiciens en train de jouer, ajoute un côté étrange au live.

The Cure // Facebook officiel du festival

The Cure // Facebook officiel du festival

Le tout forme une prestation à la hauteur, presque touchante, qui semble évoquer This Must Be The Place.

Une belle journée, qui laisse attendre les suivantes … en espérant ne pas être déçue.

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Garorock 2013

garorockLe temps passe inlassablement, mais des habitudes résistent. Le Garorock est une de celle là, cette habitude évolue même au fil des ans.

2013 est sans doute un grand cru ! Cette deuxième année dans un espace ouvert et vert, la plaine de la Filhole, nous montre une organisation plus développée du site et encore améliorée malgré le manque certain de toilettes.
Résumer le Garorock ? C’est simple, en deux mots, ce festival condense le Sud-Ouest ! Une ambiance conviviale, où les gens ne se renferment pas sur eux-même, où il y a du partage, des émotions, et par intermittence du soleil (ou de la pluie). Les huitres et le vin blanc étaient aussi disponibles pour parfaire le portrait régional ! Et puis, le petit plus du festival reste sans hésiter les auto tamponneuses qui permettent de rigoler entre deux concerts.

Le camping était indéniablement le prolongement de la soirée. Fanfare, van du Reggae Sunska, ou concours de foot organisé en partenariat avec So Foot, autant d’animations qui n’ont laissé aucune occasion au festivalier aguerri de s’ennuyer.
Passons aux choses sérieuses : la programmation. Elle faisait saliver sur le papier. En vrai, elle ne s’est pas faite prier pour être dévorée à grandes bouchées.

Vendredi 28 juin :
C’est les mains sciées, et les pieds déjà hachés par l’installation, que nous sommes arrivées sur place, mais la tête ouverte et prête à ressentir plein de sonorités. Les yeux écarquillés, les oreilles alertes et le sourire aux lèvres, nous étions dans de bonnes dispositions afin de commencer l’expérience avec Asaf Avidan. Sa voix est conforme aux disques, sauf que là, l’émotion est plus forte, plus violente, et c’est la larme à l’œil que l’on entonne les paroles de reckoning song :
One day baby, we’ll be old
Oh baby, we’ll be old
And think of all the stories that we could have told
Après cet instant pur, 15 minutes nous séparent d’un autre moment magique. Wax Tailor débute, et retrace durant une heure, son dernier album : Dusty Rainbow From The Dark. Pour la fin, il a gardé Que Será, comme un cadeau supplémentaire. Un concert sincère, utilisé jusqu’à la dernière minute. Pour les adeptes de son mélange d’électro et de hip hop, le set s’est révélé plus que cohérent. Et puis, il est vivant, car Wax Tailor n’est pas resté seul sur scène mais a été accompagné de musiciens et de chanteurs, qui ont repris les titres auxquels ils avaient collaboré. On y vérifie l’adage de Gainsbourg (dans Un Violon, Un Jambon), « tous tes soucis que le diable les emporte, jusqu’à demain« . C’est littéralement ce qui se passe, tout le négatif s’envole d’un coup, et permet de s’immerger avec encore plus d’ardeur dans l’ambiance de l’évènement. Pourquoi autant de force ? Comme il l’a fait sentir lors de la conférence de presse, et à la fin de son concert, le Garorock, il s’y sent bien.
L’élément principal de la soirée reste le groupe sud-africain Die Antwoord. Le risque était d’être facilement déçu par une prestation qui aurait pu ne pas être à la hauteur de leurs clips et de leur image. Loin de là, un décor qui leur colle à la peau, des danseurs et leur flow, ont rendu le show inoubliable. Tous les titres imparables y étaient, et l’adepte que je suis y a perdu sa voix à force de s’égosiller au son de Cookie ThumperBabies on FireEnter The NinjaEvil Boy ou encore Beat Boy. Yolandi Vi$$er conserve une dégaine de femme enfant, à la fois innocente et malsaine, a la voix suraigue. Ninja garde son air peu rassurant de gangsta et accompagne avec hargne leur hip hop zef dont le son est déversé par Dj Hi-Teck. Sur l’écran géant situé entre les deux grandes scènes défilaient des photos propre au groupe, dont une du défunt DJ Solarize et une autre de leur fille, Sixteen (pour ceux qui ne le savent pas Yolandi et Ninja sont aussi ensemble dans la vie).
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La nuit est là, l’électro de Vitalic prend place. 17 ans de pratique au compteur, presque autant que le Garorock font de lui un mastodonte du genre. Un set comme on les aime, avec des enchaînements bien rythmés et une foule hystérique, frétillante comme des poissons hors de l’eau. Le final sur Poney Part 1 ressemble au rêve ultime : finir en ayant l’impression de planer.
Birdy Nam Nam, a déjà eu de nombreuses occasions d’apprivoiser la scène marmandaise. L’édition 2013 montre qu’ils ont pris le coche, et qu’ils ont poussé le vice de l’électro un peu plus loin, le rapprochant vaguement de la techno. Que dire de plus qu’efficace ? Les quatre DJ ont étonné de par leur dextérité et leur rapidité, que l’on a pu observer gràce aux gros plans sur leurs mains.

Samedi 29 juin :
Le premier jour a été redoutable, et le second fut son égal.
On entame ce long repas à 18h35 avec Biga*Ranx, le jeune prodige français du reggae, qui a la voix d’un rastaman jamaïcain. Sur une autre scène, on entend d’une oreille distraite Patrick Watson qui malgré l’éloignement reste perceptible et semble touchant.
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Il y a quand même eu une grosse déception, tel un morceau de tofu nature, elle s’appelle Willy Moon. Le néo-zélandais est très excitant en disque, où sa navigation entre plusieurs styles est réjouissante. Mais en live, un goût avarié entre en bouche, qui est dû pour parti à son retard sur scène, et à la sensation qu’il transmet. C’est un personnage antipathique, qui ne sait gérer son image, et donc transforme tout en flop. Le public ne lui fera pas honneur.
De Saez je n’ai retenu qu’un cri continu, pas désagréable, mais qu’il faut déjà savoir apprécier, avant de pouvoir assister pleinement à un de ses concerts.
Enfin, un vrai évènement se produit avec Skip The Use, d’autres habitués ! C’est la 3ème fois qu’ils se produisent dans le cadre du festival, et la deuxième année consécutive. Est-ce une fois de trop ? Non, suis-je tentée de répondre. L’an dernier certains les ont ratés, et j’en suis ! Enfin un produit de qualité, et dont on connait la provenance. C’est sur-vitaminé qu’on les retrouve, plein d’en-train, face à un public dont les papilles saturées d’émotions, est accroché à toutes les sonorités diffusées. Malléable à merci, comme hypnotisée, la foule se déplace comme on lui demande. Le tout rend un spectacle complet qui aspire des milliers de personnes partageant un moment particulier, dans une spirale en dehors de la réalité. L’instant où ce fut le plus flagrant est sans doute pour Ghost ou pour la reprise de Smells like teen spirit.
Petite pause, histoire de reprendre son souffle. Et puis, de nouveau inspirations et expirations se cadencent au son de quelques notes, en l’occurrence celles de Bloc Party. Frénésie générale, sauts incontrôlés et ambiance joviale malgré la vague brume pluvieuse et le décor extérieur digne d’un roman d’Emily Brontë.
Longue reprise de conscience … mais c’est inlassablement que l’on se laisse reprendre par le flot musical qui réside dans l’air. Paul Kalkbrenner aura raison de nous. Les DJ ayant le crâne dégarni nous auront envahis en deux jours, et je me demande innocemment si il  ne faudrait pas se raser les cheveux pour devenir un génie de l’électro, de la house ou de la techno. En tout cas, ce n’est pas le berlinois qui va démentir cette théorie, puisqu’il nous submerge et nous abat dans son univers, dont on décolle pour rejoindre une autre scène.
Make The Girl Dance, fait bouger les filles, mais aussi les garçons par la même occasion. Par curiosité on y jette un tympan, un œil et puis son corps. On se laisse aspirer par leur style, leurs réflexions entre deux mixs et par les personnages tout simplement. Un bon digestif, avant d’aller se coucher.

C’est vidé, plein de belles images en tête, de sensations, et de musique, que l’on se retrouve face au néant, en quittant le camping le dimanche matin. Heureusement que le soleil est là, pour nous dire que l’année d’après ne sera que le recommencement d’une expérience qui aura muté. Nous nous y retrouverons vieillies d’un an et nous y fêterons une double majorité, la sienne, et la notre. À l’année prochaine Garorock, pour se souhaiter nos 18 ans et souffler ensemble nos bougies pour trois jours qui seront encore emplis de folie.

Pour les prochaines années, à savoir, un concours de  déguisement est organisé dans le cadre du festival ! Retrouvez le sur : https://www.facebook.com/Garorock2012ConcoursDeDeguisements?fref=ts

Crystal Fighters : Partir, Pleurer, Chanter

Crystal_Fighters
Je vous avez déjà parlé d’eux l’an dernier, soit 2 ans après la sorti de leur premier album Star of Love. Cette année, les anglo-espagnol de Crystal Fighters reviennent égayer la saison avec un nouvel album : Cave Rave.
Les six joyeux hippies des temps modernes ont cette fois enregistré dans les montagnes espagnoles avec toujours autant de diversité côté instrument, pour nous livrer un opus créé pour faire voyager. Redondances, que nenni, ici l’électro se fait plus discret, et pourtant, comment ne pas discerner leur style imparable.
Avec Sebastian (chant, guitare), Gilbert (guitare, programmation, percussions), Graham (guitare, percussions), Laure (chant), Mimi (chant) et Ellie (chant), vous êtes sûrs de partir dans un endroit idyllique en l’espace de 10 chansons, avec personne d’autre que You & I.
Dès la première seconde on est immergé dans un rêve agréable, télétransporté juste par l’ouïe au bord de l’eau, écoutant le murmure entraînant de Wave. L’instant d’après le lieu n’est plus vague, on discerne sur quel banc de sable on se situe, ou du moins on se dirige : L.A (calling). Le soleil est bien présent, même disparu la nuit, où chaleur et rythmes accrocheurs résident. Tous les clichés d’un été posé se bousculent au pays des songes. Le morceau le plus pêchu, prêt à faire bouger les gambettes pendant toute la période estivale est Separator, qui dans une suite logique nous ferait improviser une danse tribale sur une plage désertée. Are We One se hurle et se sautille frénétiquement. Immanquable titre, à prendre sans réfléchir dans ses bagages. These Nights annonce ce que l’on peut ressentir. La perte de la notion du temps et ce que le bonheur nous a déjà fait répéter : « Oh, these nights never end, no ».
No Man est l’hymne d’une journée bien remplie et positive dans ce lieu éphémère de villégiature. Un parfum de liberté émane de ce chant. Les sonorités de Love Natural confortent dans cette envie hédoniste. Pour peu on adopterait un mode de vie épicurien.
Sur un autre registre Bridge of Bones est étonnant, mais il est toujours question d’océan. On a l’impression de ressentir une autre étape du cheminement de l’été. La fin semble se profiler, le chœur apparaît comme nostalgique du temps écoulé mais plein d’espoir de ce qui est encore à venir. Même après un été particulièrement mouvementé, il ne faut pas regretter ce qui est passé mais se projeter dans ce qui n’est pas encore arrivé.
Everywhere clos un album comme on ferme un chapitre de sa vie. La tête pleine de souvenirs, on se dit que peu importe où l’on sera la prochaine fois tout pourra être encore mieux.