Pour la petite néophyte que je suis encore, Montréal se révèle être un nouveau terrain de jeu adapté à la tranche de vie dans laquelle je suis. Les opportunités et les rencontres sont là, il suffit de savoir les arracher afin de pouvoir les dévorer. Expériences, découvertes et explorations s’attrapent à la volée de la spontanéité. La témérité est là pour se construire et les aventures pour être vécues.
Depuis le dernier article la vie a coulé sans trop y penser. Le temps a défilé vitesse grand V. Pour autant le quotidien installé s’est à chaque fois retrouvé un peu bousculé. Une fois une routine installée elle en a encore été mieux déconstruite.
Octobre : Premier voyage, premier road trip dans le Québec. Père dans la province. Possibilité de louer une voiture et de se rendre dans les Saguenay / Lac St Jean pour un festival qu’on croirait perdu dans la campagne. Bien sûr c’est un peu le cas et c’est ce qui a fait tout le charme de l’instant. Que faire face à l’immensité de ce lac, face à la longueur éternelle de la route, face à la beauté automnale, face aux multiples cours d’eau et aux arbres agglutinés ? Toute âme à minima créative se découvre des envies créatrices. Écrire, peindre, réaliser, dessiner, les paysages révèlent divers desseins.
Une fois à Saint-Prime, les soirées s’enchaînent, les groupes se succèdent et le bonheur se déguste avec du recul. Finir dans le flou artistique d’une grange ou aller visiter un zoo aux allures de parc animalier font parti du voyage. Apprécier la musique d’un Jon Spencer en grande forme avec Heavy Trash ou l’énergie de groupes Montréalais n’ont fait que donner au tableau plus de singularité. Pour plus de détails sur les joies du festival, rendez-vous sur Maze.
Puis se fut le retour à la ville. Ce contraste fut pour quelques jours difficile mais une amie d’enfance fit irruption pour donner de nouvelles impulsions à cette vie loin de la monotonie. Découverte de nouveaux lieux, de galeries et d’un collectif aux projets passionnants et à la volonté incroyable : Under Pressure.
Octobre fut aussi le temps d’Halloween, sûrement le premier véritable. Voir à quel point ici la fête est une institution quand carnaval n’est que peu célébré.
Novembre, partir un week-end dans un chalet dans les Laurentides. Se balader, jouer au Risk, au loup-garou et fêter.
Début de l’hiver, rentrer de Laval à six heures du matin, arriver à huit heures à Montréal et voir le soleil se lever sans s’être couché. Fêter Noël avec d’incroyables personnes rencontrées depuis peu et surtout avec sa merveilleuse amie et colocataire, compagne des années et sûrement des décennies à venir.
Mi-décembre, prendre l’avion, rentrer en France. Manifester, revoir Paris, être émerveillée par un rien. Courir de ville en ville pour voir la famille. Les deux-sèvres avec la mère, la grand-mère et la petite sœur pour pouvoir assister au soufflage de sa cinquième année. Descendre d’une région, ressentir l’air de l’Aquitaine, sentir que l’on est chez soi. Voir son père, sa belle-mère et sa sœur. Avoir de nouveau peur, mais être rassurée. Découvrir une nouvelle maison.
Puis Noël, le vrai. La veille retrouver oncle et cousin pour de merveilleuses retrouvailles. Rire, veiller et s’endormir tard. Puis préparer la maison pour le repas. La jeunesse doit être à la hauteur des attentes des autres générations. Profiter de l’instant, être heureux.ses du moment. Aimer revoir toutes ces personnes aimées et si peu souvent vues.
Le 26 décembre fêter dans un club de la petite ville, dernier Garoclub de l’année. Voir dans cet endroit improbable Acid Arab et beaucoup rigoler. Finir les fêtes par rendre en retard un devoir de session sans regretter.
Enfin retrouver les chemins toulousains pour quelques jours intenses. Revoir le petit chat à la fossette, faire une soirée imprévue chez un ami et se dire que la vie est si simple. Courir entre plusieurs lieux pour capter le plus de personnes que l’on ne pourrait se passer de voir. De 5 minutes à quelques heures, le temps ne compte pas, seule la présence importe.
Retourner à Carbonne avec mère et sœur, se balader comme avant. Aimer ces quelques heures dérobées à l’envie de se dépêcher. Profiter de leur présence exceptionnelle. Repartir, passer chez l’arrière grand-mère toujours en forme. Discuter et partager. Découvrir Limoges guidée de la meilleure manière. Comprendre à quel point ces instants sont importants et doivent rester gravés.
Encore partir, mais dans la peur et l’incompréhension. Effectivement, retrouver Paris le jour où un drame est arrivé. Paris en deuil, Charlie Hebdo attaqué. Être accueillie par les meilleures personnes possibles pour vivre ces évènements touchants et amers. Aller place de la République pour communier tous ensemble. Être unis dans la douleur. Se demander s’il faut quitter le pays ou s’il faut finalement rester.
Réaliser la bêtise que cela aurait été de ne pas rentrer dans son nouveau chez soi, à Montréal. Le sol québécois à nouveau foulé, repartir en vadrouille. La rive sud, les amies fraîchement rencontrées et lancer une tradition. Un repas aux éclats de rires, aux idées farfelues et au confort nouvellement trouvé.
Voir que d’autres toulousains ont immigré. Faire des soirées insensées, se retrouver dans un match de hockey féminin sans avoir compris une seule règle. Rigoler fort encore.
Enchaîner avec une venue familiale. Premier week-end de février et majorité ontarienne à la clef. Une merveilleuse journée vécue comme un rêve. Faire acte de témérité en lâchant enfin prise sur l’organisation et en accordant confiance et émotion à la personne derrière tout le stratagème développé. Monter sur des patins n’était pas chose gagnée, et apprécier le moment encore moins. Voir à quel point les amitiés se créent et être reconnaissante envers toute la gang ayant participé à mon bonheur, en espérant concourir aux leurs.
Voir un de ses rêves réalisé grâce à l’une des personnes les plus importantes. Merci papa pour la platine vinyle, merci Camille pour le livre sur la musique. Aller avec eux à l’Igloofest et être ravie d’avoir pu profiter de l’évènement en leur compagnie. Y retourner le week-end d’après différemment accompagnée mais pour une nuit toute aussi appréciée.
Puis organiser et stresser pour arriver à faire plaisir à l’extraordinaire Candice. Partir le 12 février pour Québec et vivre l’impensable. Un accident de voiture. Deux 360 et un tonneau. Comprendre ce que signifie voir sa vie défiler. Se retrouver perdues dans le Québec et passer trois heures dans une station essence. Être toutes deux miraculées à Villeroy.
Fêter les 19 ans de cette beauté à minuit isolées mais unies. Voir que grâce aux vidéos de sa famille elle retrouve le sourire et en être heureuse.
Enfin atterrir à Québec, dormir et se réveiller le lendemain par -30 mais avec l’incroyable volonté de crapahuter. Marcher dans les rues sinueuses et décider de s’en aller voir les chutes de Montmorency. Être émerveillées par les beautés de la nature, finir dans un diner improbable. Offrir un 45 tours, discuter de la valeur de la vie et finir par écrire.
« Sonnées dans un état second, dans l’irréel comme si nous n’avions rien vécu. D’un autre côté nous avons vu le meilleur de l’humanité. Les gens sont capables de prendre soin les uns des autres. On nous a proposé de nous ramener quelque part, on nous a offert des chocolats chauds et l’on est revenu nous chercher. Dans de telles conditions, on ne peut que comprendre que la vie a un prix, que l’on y tient et que l’on ne peut pas la subir. On voit également que la bonté existe et que le monde n’est pas qu’obscur. Avoir eu l’impression de faire un caméo dans Tom à la ferme. […] Les évènements de la veille font réaliser où l’on est et la chance que l’on a. Osons, prenons cœur à nos actions, existons avec passion, vivons. […] La vie est magique et faite d’instants atypiques ».
Rentrer le lendemain à Montréal et continuer la surprise. Voir que même ici on a la possibilité d’être entourées. Et décider après l’anniversaire de Camille de partir vivre une nouvelle aventure.
Ottawa début mars, en moins de 24h. Partir à l’aventure avec trois amis à 5h du matin. Visiter le Parlement, retrouver un charme européen aux nombreux châteaux et avoir envie de revenir dans cette ville. Une fois rentrée ressentir le besoin de repartir.
Fin mars décider de se teindre les cheveux sur un coup de tête, continuer de faire de nouvelles choses chaque semaine. Cultiver l’amour du cinéma dans un ciné-bazar avec les deux belles plantes que sont Camille et Candice. Travailler.
Deux nouveaux anniversaires. Puis se promener dans le vieux port et voir Montréal renaître peu à peu de ses cendres après un long hiver. Essayer les Recettes Pompettes. Entamer une nouvelle semaine, la première d’avril et lui insuffler de nouveau un peu de singularité. Partir sans réfléchir et bien accompagnée faire de l’urbex. Explorer un côté alors encore inconnu de la ville. Manifester dans le même temps en solidarité avec les québécois.e.s. Observer l’injustice et la violence de certains affrontements et se révolter face à ces comportements.
Pêle-mêle, l’existence fut remplie de nombreuses séances cinématographiques partagées, d’expositions observées avec avidité et de concerts expérimentés avec délice. Warhol a côtoyé le World Press, l’Orientalisme, Jungle, Fritz Kalkbrenner, Joris Delacroix, Whiplash, le Jeu de l’imitation, Mommy ou Snowden par le biais de Citizen Four.
Finalement, Montréal c’est surtout vivre et se construire. Trouver de nouvelles passions (la cuisine par exemple) et mettre en place de nouveaux projets. C’est essayer de se trouver et surtout profiter.